©Pierre Thiriet - IPEV - La Curieuse au coffre de Port-aux-Français, face à la houle locale
Pour la campagne d'été de Kerguelen 2023 - 2024, le bateau hauturier "La Curieuse" a rejoint Kerguelen pendant 80 jours pour permettre un grand nombre de missions scientifiques dans les endroits reculés de l'archipel : plongées, géologie, botanique, régulation de mammifères, etc...
J'ai eu la chance d'accompagner un programme de botanique pour la dernière mission de La Curieuse dans le Sud-Ouest de l'Île, dont voici le déroulé.
©IPEV - Cartes Communication, Sud-Ouest de Kerguelen. La péninsule Rallier du Baty est celle entourée en bleu
7 février. Levé tôt, l’embarquement sur la Curieuse se fait à 8h du matin, avant l’arrivée d’une petite tempête. Le zodiac me fait quitter la flotille. Tout le monde à bord, la Curieuse se met en route pour quitter le golfe, direction la péninsule de Rallier du Baty, le grand sud-ouest de Kerguelen ! Je passe la journée, comme les autres passagers, allongé dans ma bannette, incapable de me lever. La Curieuse est fortement malmenée par les flots, vents de Sud-Ouest, importants, rafales à 60 nœuds. Fin de journée, nous arrivons à l’anse de Larmor, et nous nous enfonçons un peu plus dans le nord dans la baie, pour passer la nuit à peu près protégés. Le roulis sera finalement assez violent pour contrer mon sommeil.
8 février. Débarquement à l’anse de Larmor pour tous les passagers. L’équipe Lisisker : Damien, Marc, Mickaël. Les botanistes de la Direction de l’environnement : Victor, Solène, Valentine. Les écobios : Lisa et moi. Le débarquement est très sportif à cause de la houle. Les rochers sont très glissants, le zodiac fait des allers-retours verticaux. Nous poursuivons le débarquement à plusieurs reprises. Une fois fini, nous commençons à marcher en direction de Deux Frères. Je suis missionné de porter une batterie de 18kg pour réparer une station sismique. En plus de mes affaires, la claie de portage doit avoisiner les 25kg. Les paysages sont merveilleux, et très différents du reste de Kerguelen. Damien nous raconte l’histoire géologique du décor. Après les Deux Frères, et avoir constaté que les batteries déjà en place fonctionnaient en fait bien, nous continuons notre chemin vers le col pour profiter d’une vue incroyable sur la vallée des Sables, et les glaciers des montagnes de Rallier du Baty. La plage de la possession se laisse découvrir, là où la mission de Yves Joseph de Kerguelen a foulé la terre en premier. Nous voyons les Trois Brigands, ainsi nommés par Damien, en souvenir du roman du même nom. A côté, les monts du Commandant bicolores. Nous embarquons à nouveau le soir sur la Curieuse, direction baie Larose.
©Lisa PRIMI - IPEV - Entrée dans la Vallée de Larmor
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Arrivée à Deux Frères
©Lisa PRIMI - IPEV - Maintenance de la station sismique des Deux Frères
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Vues depuis les Deux Frères sur les monts de Rallier du Baty
©Lisa PRIMI - IPEV - Au fond, la plage de la Possession, où le pied de l'homme à foulé la terre en premier, il y a 250 ans
9 février : débarquement à 7h vers Baie Larose, sous une vue impressionnante du mont Ross ! Un peu de marche avec les touques pour atteindre la cabane qui ne voit presque pas de visiteur, si ce n’est les souris. Matelas moisis, mais des inscriptions des années 80 sur les murs. Depuis la cabane, la vue sur le Ross et le doigt de Saint Anne est incroyable ! Nous passons la journée, 8h en tout, à appliquer le protocole pour lequel nous sommes là : mesures et échantillonnage de plus de 150 plantes dans des zones précises, à genoux, accroupis ou allongés. Nous analysons ici en tout 4 placettes à raison d’environ 2h par placette. Nous passons la nuit dans la cabane, fatigués, à mal dormir à cause des bruits de la fiode contre le vent.
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Vues depuis la cabane de Baie Larose sur le doigt de Saint Anne et le mont Ross
©Lisa PRIMI - IPEV - En plein travail d’échantillonnage botanique
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Face ouest du mont Ross (1850m), point culminant des Kerguelen
10 février. Au réveil, nous terminons un dernier protocole au matin, avant de prendre de la hauteur avec Lisa au-dessus du doigt de Saint Anne et sa colonie de manchots. Le Ross n’est plus visible mais ses glaciers si. La pluie tombe, et nous trempe pendant notre retour à la cabane. Nous enchainons puis nous faisons récupérer par la Curieuse, l’occasion de faire sécher les vêtements. Nous retournons à l’anse de Larmor récupérer l’équipe Lisisker, avant de faire route vers la Baie de la Mouche.
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Le Doigt de Saint Anne, et sa colonie de manchots royaux à son pied
11 février, nous sommes déposés au matin à baie de La Mouche
avec toutes les équipes Botanistes. Le vent est fort toute la journée, passant
de 50 nœuds à 60 nœuds en fin d'après-midi. Notre première placette est la plus compliquée : en altitude, très exposée au vent et à la pluie, les genoux
douloureux dans les cailloux saillants. Une fois faite, celles d’après semblent
largement plus confortables. Nous passons finalement une journée très intense
et longue à appliquer le protocole sur 4 placettes, en mode très efficace. Nous
trouvons le temps de monter une brèche pour profiter de la vue magnifique sur
la vallée de la Mouche. Nous sommes ensuite récupérés vers 19h30 au moment où
la pluie arrive. Transit vers Port-aux-Français pendant la nuit. Nous prenons
un dernier verre avec l’équipage et les autres passagers, où j’écoute les
paroles des anciens habitués de Kerguelen, qui nous racontent leurs
explorations des lieux lointains aujourd’hui inaccessibles.
©Nicolas MONIEZ - IPEV - La Curieuse, mouillée à la Baie de La Mouche
©Nicolas MONIEZ - IPEV - La Baie de La Mouche
©Nicolas MONIEZ - IPEV - Vue sur la Vallée de la Mouche
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